Ile Maurice - Un lundi pas comme les autres

J'avais annoncé il y a quelques temps que je ferai une retrospective de mes 3 mois passés à l'île Maurice...

 

Après l'épisode de la machette, je vous propose sans plus attendre ce que j'avais écris à l'époque sur le site dont je m'occupais alors... Ca s'appelait : une aggression et l'addition... Attention les yeux !

 

Le texte est d'époque et présente l'avantage de ne pas être trop déformé, et peut-être plus proche de la réalité que la version que je raconte actuellement...

 


 

Le weekend dernier (samedi soir, 5 mars 2005), le gouvernement mauricien a déclaré : "Lundi ca sera férié". 

La cause était bien simple : il s'agissait d'une fête religieuse indoux, et du coup les 3/4 de la population devait aller en pelerinage jusqu'aux différents temples de l'île...

 


Alors en ce début de semaine ensoleillé, soit lundi, ben j'ai quand même été travaillé : et oui : la mission économique française, où j'étais, est soumise aux lois françaises... et donc aux jours fériés français.
Bref, la journée se passe bien, hormis quelques problèmes de pc mais qui ont fini par se résoudre...

 

Il est temps de partir... Mais il faut savoir que ce genre de fête est très très respecté et que du coup, le soir, il n'y avait plus personne du tout dans les rues...

Je vous laisse comparer : à gauche le matin, à droite le soir...

 



Et le soir (c'est là que ca devient intéressant), en sortant du bureau (genre vers 16h30), voila Mr F., qui s'en va prendre son bus, rempli de joie et de bonheur à l'idée de ne pas travailler le lendemain (Mr F., pas le bus). [et oui, on a beau ne pas travailler les jours fériés français, y'a des jours fériés locaux, où on ne travaille pas tout court. Essayez pas de comprendre c'est comme ça.].

 

Mr F. traverse donc la ville de Port Louis déserte... et passe dans une rue, (pas étroite, une grande rue, mais déserte) et voit s'avancer vers lui 3 jeunes gens typés indou (c'est à dire couleur local).
Il accélère le pas, mais ils traversent et viennent le rejoindre...****


Voila donc Mr F. coincé entre: un mur derrière lui, 2 bonhommes de chaque coté de lui, et un troisième en face, qui a la bonne idée (j'ai failli lui dire d'ailleurs que c'était une bonne idée) de sortir un couteau fort charmant (type couteau de boucher)... en prononçant cette phrase barbare et poétique : "donne tout"...


Mr F. (moi) commence à avoir un peu beaucoup très peur... Mais ne se décourage pas et (dans un élan d'inconscience sans doute) dit: "non"... et sert très fort sa sacoche contre lui...
Le joyeux luron (lui) approche son couteau du ventre de Mr F., (Mr F. qui flippe d'ailleurs comme ce n'est pas permis) mais n'a pas envie de laisser partir son argent, son appareil photo, son passeport et sa carte bleue.


Il sent la lame qui est très très très proche de son flanc droit... La pointe s'enfonce sur son côté... Mais il ne lache pas...


Il attend, pendant qu'ils tirent sur la sacoche... avant de se décider à trancher la sangle de celle-ci avec le couteau...
Pendant ce temps, de l'autre coté de Mr F. (soit à gauche) le mauricien, plus malin, s'apperçoit que la sangle peut facilement se détacher sans avoir à la découper... c'est d'ailleurs ce qu'il fait...

Leur forfait accomppli, les malfrats s'en vont comme des voleurs (qu'ils sont d'ailleurs) avec la sacoche bien mal acquise, mais Mr F., dans un élan de folie (on ne peut pas parler de lucidité) les prend en chasse et cours "tranquilement" derrière... en leur criant, "rendez moi la sacoche et les papiers et je vous donne l'argent"... (ben oué fallait bien dire quelque chose...).
Ils courent, il court...

 

Ils finissent par s'arrêter, Mr F. toujours derrière, s'arrête aussi, surtout lorsque celui qui avait la sacoche, brandit son couteau et dit "t'approche pas!"...
Mr Fuchs supplie de lui rendre ses papiers que c'est important etc (peut etre que dans un élan de générosité..., bref il joue la carte de la pitié). voila que le Mr commence à jeter les trucs inutiles hors de la sacoche, et par terre... tout en reculant... Il la vide ni plus ni moins objet après objet sur le trottoir...

 

Mr F. ramasse tout...
et le Mr (appelons le Mr X) jette a ce moment là mon portefeuille par terre... et il recule...

 

Mr F. continue de ramasser...
Mr X se rendant compte de son erreur (ben oué y'avait plus rien d'utile dans la sacoche) lui dit (le couteau dans une main, la sacoche dans l'autre) : "donne l'argent"... Mr F. dit "oui si vous me rendez ma sacoche..."
"donne l'argent d'abord..."
Mr F. tend la main vers sa sacoche, tendant lentement les quelques billets dans l'autre...

 

Mr X lache la sacoche, prend les billets, prend aussi l'appareil photo dans la sacoche... et s'en va en courant, mais revient et me rend mon appareil photo... et c'est tout...

 

Mr F. est alors soutenu par une dame qui passe par là et qui l'emmène au comissariat pour faire une déclaration. Le comissariat est d'ailleurs également une expérience à vivre, la motivation des policiers est impressionante, et ils font tout pour te dissuader de faire une déclaration. mais bon donc je l'ai fait quand même. et je suis rentré chez moi, tout retourné par ces folles aventures.

 

Conclusion:
j'ai perdu 20euros, ma sacoche est niqué, mais sinon ca va mieux... j'ai surtout eu très peur...
Le stage suit son cours, et samedi, on va au club med...
salut les petits loups!

ps: cette histoire n'est pas enjolivée et retrace fidèlement ce qui m'est arrivée.

 

 




Il est très clair que cette aventure m'a marqué. Beaucoup beaucoup plus profondément que je ne l'aurai souhaité sans doute.

Les séquelles psychologiques sont assez nombreuses dans ce genre de cas... On se rend compte à quel point un rien peut traumatiser. C'est ce qui a fait entre autre que par la suite, lorsque je devais rentrer seul à pied le soir, hormis le fait que je n'étais pas rassuré, (mais bon ça, ça arrive), je regardais tout autour de moi tout du long, sentant la panique montée en moi doucement. Enfin je crois que le plus dur c'était l'angoisse de savoir que j'allais être seul à faire le trajet...

 

Depuis ça va mieux.

Et quand j'y repense, je me dis que pour rien au monde je voudrai ne pas l'avoir vécu (enfin pas tout a fait, mais disons que je ne regrette pas), car c'est aussi ce qui a fait de mon passage à Maurice une expérience aussi inoubliable, et qui mine de rien "après coup" te montre que t'as pas de raison de t'en faire quand il ne t'arrive rien de grave... Ca apprend à relativiser sur le reste...

 

****

Bon et comme il fallait un peu de nouveau pour ceux qui connaissent déjà cette aventure, voila la raison qui a fait qu'ils m'ont repéré de loin je pense... Et ça, je n'ai pas le souvenir de l'avoir partagé avec quelqu'un jusqu'à présent.

 

En fait, je m'étais bel et bien arrêté au milieu de cette rue après mon boulot... pour prendre une photo...

C'est après avoir pris cette photo que je les ai vu s'approcher...

J'étais content de ma photo, je voulais montrer à tous la façon dont le problème du sida était abordé dans la rue dans un pays comme l'île Maurice, en créole... Je ne l'ai jamais fait du coup... Mais il n'est jamais trop tard...

Alors voila la photo en question :



Publié le : 05/12/2008 à 07h58

 

 

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